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dimanche 18 mai 2014

LE LIVRE DE JOHN GIERACH "ALL FISHERMEN ARE LIARS" 

J'attendais ce livre depuis longtemps, mais j'ai toujours eu l'impression qu'un nouveau livre de Gierach ne sortait jamais assez vite. C'est comme tout ce qui est vraiment bien, on n'en a jamais assez! On a beau relire des anciens, des classiques qu'on connaît déjà par coeur ça n'est jamais suffisant: il faut attendre le prochain.
Et enfin il est là!

Rien que le le titre "Tous les pêcheurs sont des menteurs" est à mon avis révélateur de l'état d'esprit de John Gierach, on est évidemment à des années lumière de l'auteur halieutique comme on en connaît beaucoup qui n'écrivent que pour se faire du bien à l'ego.
Gierach est dans une autre dimension, celle de l'auteur qui a une vision de la vie, du monde, de la pêche qui lui est propre. Je ne sais pas si Gierach est un grand pêcheur à la mouche mais c'est certainement l'écrivain aujourd'hui qui donne le mieux ses lettres de noblesse à cette passion en évitant les écueils habituels que sont le charabia technique, la fausse expertise, etc.

L'écriture est admirable de simplicité, d'éloquence minimaliste; ce livre est pour moi l'exemple même de ce qu'est un bon roman. Ca se lit très bien, il n'y a pas de passage à vide ni de lourdeurs; ce qui est plutôt rare dans ce style de littérature qui pâtit trop souvent d'une fausse grandiloquence des plus ennuyeuses. Mais n'est pas Gierach qui veut!


Ce livre compte 211 pages réparties en 22 chapitres dont un sur le Tenkara. Si ce chapitre n'est pas révolutionnaire sur le sujet il montre bien par contre l'intérêt sincère de John Gierach pour cette technique de pêche. Nous retrouverons sûrement cette pêche dans de futures oeuvres de Gierach à mon avis. 


Ce livre est pour moi une vraie réussite, on y retrouve tout ce qui fait que Gierach est à la fois le plus grand auteur halieutique aujourd'hui et tout ce qui fait de lui un cas unique. 


Je pense que les lecteurs les plus à même d'apprécier les livres de Gierach sont ceux qui vivent dans des petits bleds, qui savent ce qu'est un arbre ou une rivière, qui sont passionnés par les activités de plein air comme la pêche ou la randonnée, bref des gens qui ne sauraient se passer des plaisirs simples que nous offrent la petite planète où nous vivons. On se surprend d'ailleurs à se reconnaître dans certains personnages ou à en croiser d'autres qu'on a l'impression de connaître. 
Je suis déjà certain qu'en attendant le prochain je ne vais pas me priver du plaisir de le relire...Et pas qu'une fois!

Vous pouvez commander cet excellent livre ici






mardi 13 mai 2014

LES HAMECONS ETANBA MK2

Je continue mes pérégrinations dans les catalogues de matériel de pêche Japonais et parfois je m'égare...
J'ai reçu ce matin des hameçons qui sont, à l'origine, destinés à être montés sur des cuillères! Il s'agit des MK2 de chez Etanba, entreprise qui m'était inconnue jusqu'alors.


Ces hameçons sont de taille 7 mais ils ont une hampe un peu plus longue et plus forte que d'autres modèles de même taille. On le voit clairement sur la photo ci-dessous:


Ces hameçons n'étant pas faits pour monter des mouches ils sont pourvus d'un oeillet de grande taille,
c'est à dire 2mm de diamètre! Ca peut être un avantage certain par exemple pour un coup du soir tardif.


Ces hameçons sont vendus en sachet de 16 unités au prix de 500 ¥ soit 3,56 €. 

Voici quelques exemples de montage sur ces hameçons:


samedi 3 mai 2014

INTERVIEW DE MASAMI SAKAKIBARA alias TENKARA-NO-ONI

J'ai l'honneur et le plaisir de vous proposer aujourd'hui une interview de Masami Sakakibara, un des plus grands connaisseurs du Tenkara. C'est en regardant une de ces vidéos que j'ai décidé de pêcher au Tenkara et Masami Sakakibara est pour moi une grande source d'inspiration car si je n'ai pas la prétention de me comparer à lui c'est quand même d'arriver à ce niveau de maîtrise qui me motive. J'espère que cette interview vous intéressera autant que ça m'a intéressé de la faire.

Je remercie au passage mon ami Hiroyuki Van Langen Schlucht pour sa précieuse aide en tant qu'interprète.

Christophe: Bonjour Masami-san, vous êtes un des pêcheurs au Tenkara les plus connus et respectés dans le monde et je vous remercie de m'accorder un peu de votre temps pour cette interview. J'ai regardé beaucoup de vos vidéos et lu tous les articles de votre blog et je me demande comment vous avez vous-même appris tout cela. Avez-vous reçu l'enseignement de quelqu'un? 

Masami: Personne ne m'a enseigné le Tenkara. Il n'y avait pas de pêcheur au Tenkara autour de moi. Bien que j'ai grandi auprès d'une rivière dans laquelle il y avait tant de Ayu et d'Amago, tout le monde pratiquait la pêche aux appâts naturels. Mon père m'a dit qu'il existait une technique de pêche appelée Tenkara mais mon père adorait la pêche aux appâts naturels.
J'ai essayé différentes techniques tout seul au début, utilisant des lignés tressées de pêche en mer. J'en ai tellement essayé que les poissons m'ont appris beaucoup sur la pêche: "Cette ligne n'est pas la bonne. Elle fait du bruit quand tu la lances sur la rivière. On s'en méfie."

Christophe: Vôtre style de Tenkara est reconnu et admiré pour son très haut niveau technique et c'est une source d'inspiration pour de nombreux pêcheurs au Tenkara à travers le monde, pouvez vous nous expliquer quel a été votre progression technique au travers des années? Quel est selon vous la meilleure voie à suivre pour un pêcheur qui souhaite améliorer ses lancers? 

Masami: C'est la passion pour le Tenkara qui m'a fait progresser. J'ai pratiqué le lancer tous les jours pour atteindre le niveau où je suis maintenant. Je me suis entraîné tous les jours avant et après mon travail avec une kebari dont j'avais supprimé la pointe par sécurité. C'est comme pour n'importe quel athlète. Entraînez vous, regardez les autres lancer et conseillez vous entre amis.

Christophe: Vous êtes connu sous votre nom mais également sous le surnom étrange de "Tenkara-no Oni", comment avez vous reçu ce surnom? J'ai lu il y a peu un article sur votre blog dans lequel vous avez écrit que la concentration est d'une des plus grandes qualités d'un bon pêcheur et j'ai remarqué dans nombre de vos vidéos que vous aviez développé un sens très particulier de l'observation et de l'approche des rivières et des poissons qui sont deux éléments très importants dans votre technique. Quel est à votre avis la meilleure façon d'approcher un cours d'eau pour se donner les meilleures chances de succès?

Masami: Mes camarades m'ont donné le surnom "Tenkara-no-Oni" en blaguant parce que mon visage leur faisait peur quand je pêchais. Il y a l'expression "鬼の形相になる”(*) au Japon.  C'est intéressant.
Concernant l'approche je crois pouvoir dire que c'est TOUT dans la pêche, acquérir beaucoup d'expérience, regarder et comprendre les conditions, déterminer si les poissons ont faim ou non et se décider de son approche en faisant de son mieux. 


Christophe:Vous avez dernièrement publié une série d'articles techniques sur votre blog et l'un d'entre eux traitait du "Sasoi", j'ai essayé d'appliquer cette technique dans ma pêche et je dois dire que c'est très efficace, même sur des poissons très craintifs; quelle est votre technique pour intéresser les poissons? Comment décidez-vous de pêcher en dérives inertes ou en "Sasoi"? 

Masami: Le "Sasoi" est une technique pour intéresser les poissons quand ils n'ont pas faim. C'est une technique pour exciter leur curiosité en faisant bouger une kebari devant leur yeux. Donc ce n'est pas efficace à chaque fois, les poissons ne se montrent pas toujours curieux. Je n'ai pas de technique préférée. J'utilise d'abord le "Sasoi" dans les grands pools et les endroits profonds. Je ne l'utilise pas en premier dans les endroits "normaux". Dans les grands pools les poissons ne montent pas en surface donc j'utilise le "Sasoi" en premier en faisant bouger la mouche lentement. 
Ce que j'aime ce sont les dérives naturelles et c'est une technique de dérive naturelle. Je décide de pêcher en dérive inerte ou en "Sasoi" en observant la rivière. Quand les poissons ne sont pas effrayés, quand ils seront intéressés. 



Christophe: Vous avez votre propre école de Tenkara et je me demande comment s'y déroule une journée typique. Il semble que les jeunes pêcheurs soient plus individualistes et que les clubs de pêche aient du mal à trouver de nouveaux membres, pensez vous que c'est à cause du progrès technologique qui permet de partager des informations et des connaissances sans se rencontrer ou plutôt à cause d'un changement profond dans la mentalité des pêcheurs? 

Masami: "Oni-juku" (L'école d'Oni) commence par le lancer, comment déchiffrer les conditions de la rivière, où la kebari doit être lancée et comment pêcher, c'est un enseignement avec de la pêche pratique. Une des particularités d'Oni-juku est que chaque élève a la possibilité de prendre au moins un poisson et c'est dur de trouver au Japon une école de Tenkara où chaque élève attrape au moins un poisson. Nous parlons aussi du Tenkara, des souvenirs de la rivière, nous montons des kebari et on fait un barbecue. Nous ne tenons pas compte de l'âge ni du travail, l'école repose uniquement sur le loisir. 
Comparés à ma génération les jeunes pêcheurs semblent avoir perdu la passion de la pêche. Les pêcheurs d'avant étaient plus techniques et cherchaient plus à progresser. Pour ma génération il était hors de question d'utiliser des plombs ou des hameçons lourds pour le Tenkara. Le Tenkara se pratique avec une ligne et une mouche à la densité gravitationnelle normale, la technique d'alors consistait à utiliser le courant de la rivière pour faire couler la kebari. Mais les jeunes pêcheurs utilisent des plombs ou des hameçons lourds pour pêcher plus facilement. Ils disent calmement que les plombs étaient utilisés dans le Tenkara des temps anciens. C'est vrai mais parce que les pêcheurs  professionnels devaient prendre du poisson par n'importe quel moyen. Quoi qu'il en soit les personnes qui s'intéressent à cette belle technique de pêche qu'est le Tenkara, qui est une tradition Japonaise, essaient de pêcher en se reposant sur leur seule technique et non pas sur leur équipement, des plombs ou des hameçons lourds. Parce que le Tenkara est merveilleux. Si vous voulez prendre plus de poissons, des appâts naturels et du plomb vous en feront prendre encore plus. 



Christophe: Comment voyez-vous l'évolution du Tenkara depuis que la technique a commencé à se répandre à travers le monde? Pensez-vous que cette pêche est sur le bon ou le mauvais chemin?  Pensez-vous que les occidentaux sont assez respectueux de la tradition halieutique Japonaise? Quelle est votre opinion sur les polémiques occidentales sur ce qu'est le vrai et le faux Tenkara? Il me semble que les pêcheurs Japonais sont plus intéressés par créer leur propre style que par avoir un avis sur celui des autres pêcheurs. 

Masami: C'est une bonne chose que ça se répande à travers le monde et que de plus en plus de gens découvrent cette pêche magnifique. Ne vous reposez pas sur votre matériel, relâchez autant de poissons que possible parce que leurs populations sont en baisse. Je pense que le Tenkara est un aspect de la culture Japonaise au même titre que le Judo ou le Kendo.
Chaque pays a une situation propre concernant les rivières et les poissons, il faut des cannes et des lignes plus fortes pour les pays où vivent des poissons plus gros (+ de 40 cm). Il faut aussi pêcher plus dur. C'est la même chose au Japon, certains aiment faire couler leur kebari avec des montages de type "nymphing". Je pense qu'on peut appeler cela du "nymphing tenkara".
La pêche à la mouche simplifiée produite par Patagonia aux Etats-Unis n'est pas du Tenkara, c'est de la pêche à la mouche simplifiée. J'adore le Tenkara ciblé sur les truites des rivières Japonaises et je veux étudier et trouver mon Tenkara. Les détecteurs de poissons, les hameçons lourds, les lignes plus faciles à lancer; le matériel évolue constamment mais nous n'en avons pas besoin. La level line est le summum dans l'évolution des lignes. Seule la technique compte.

Christophe: Vous venez de sortir une nouvelle gamme de cannes qui sont connues des amateurs de Tenkara comme vraiment uniques et exceptionnelles, pouvez vous nous en dire plus sur le concept de ces cannes? Il y a beaucoup de nouvelles marques de cannes Tenkara qui apparaissent régulièrement alors qu'est-ce qui différencie les cannes Oni des autres et quelle est votre canne préférée? 

Masami: Je fais les cannes Oni utilisables par tout le monde, et qu'il puisse lancer toute la journée. Et pour qu'elles soient des cannes avec des bonnes sensations quand on prend un poisson avec. Pour les gens qui veulent pêcher comme en compétition c'est mieux de prendre des cannes plus dures et qui peuvent aider à échouer le poisson plus vite. J'aime que les cannes Oni soient utilisées par des gens qui prennent du plaisir à prendre du poisson.
La Type I  (4m) a été plébiscitée par un blogger Américain comme la meilleure canne du monde. C'est une canne délicate mais précise.
La Type II (4m) est un peu plus rigide avant le scion mais elle garde la même légèreté. Elle est conçue pour les gens qui n'ont pas l'habitude de tenir une canne Tenkara. Elle peut échouer un poisson de 40 centimètres sans problèmes.
La Type III (3,4 m) est une version courte de la Type II. Je l'ai faite pour ceux qui veulent pêcher les petits cours d'eau. Elle est très légère et très précise.
Des pêcheurs ayant acheté la Type I achètent inévitablement la Type III pour la pêche en ruisseau. Les cannes Oni sont vraiment appréciées par les pêcheurs orthodoxes Japonais.

Christophe: Vous êtes connu pour pêcher avec des lignes très longues et je fais partie des amateurs qui espèrent un jour maitriser de telles lignes, quel conseil pouvez-vous nous donner? 

Masami: J'ai commencé à lancer des lignes longues parce que la rivière où j'allais souvent était large et torrentueuse et que je voulais attraper les poissons qui étaient de l'autre côté. Il y avait 12 mètres. Ceux qui pêchent les petites rivières n'ont pas besoin de lancer loin. C'est une technique qui répond à un besoin. Si vous voulez lancer de longues lignes il suffit de s'entraîner de toute façon. Il faut utiliser un level line assez grosse (Taille 4号). Quand vous arrivez à lancer 5 mètres, passez à 5,50 mètres etc. En faisant ainsi vous y arriverez.


Christophe: Quels sont vos projets pour l'avenir? Avez-vous déjà envisagé d'écrire un livre sur le Tenkara? 

Masami: Un livre sur mon Tenkara sortira vers la mi-Juin. Je travaille sur les derniers détails actuellement. Ce livre est en Japonais mais j'ai l'intention de le faire traduire en Anglais. Et l'école Tenkara Oni se déplacera  en Italie (Juillet) et aux Etats-Unis (Novembre). Pourquoi ne pas venir en Italie Christophe? 




Christophe: Je n'aurai sûrement pas la chance d'avoir du temps libre pour venir. Je vous remercie Masami-san d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions qui je l'espère vous ont intéressé et je vous laisse conclure comme il vous plaît...

Masami: Merci à tous de vous intéresser au Tenkara. Il y a différentes techniques de pêche et le Tenkara est une minorité et chacun a une méthode un peu différente. Il est donc plus important de penser sa pêche selon ce que l'on recherche plutôt que de savoir si c'est bien ou pas. C'est un jeu avec la nature alors soyez prudents et appréciez le Tenkara. Profitez bien tous du Tenkara sur vos rivières! 
Je te remercie Christophe de m'avoir donné cette opportunité. Merci! 

jeudi 1 mai 2014

NISSIN KAWASHI PROFESSIONAL 320 7:3

Je vous propose aujourd'hui une chronique de la canne avec laquelle je pêche depuis l'ouverture de la saison: la Nissin Kawashi Professional 320 7:3.

Comme toutes les cannes Japonaises elle est vendue dans une boîte en plastique où elle est rangée dans une housse en tissu. On trouve des tubes facilement ou on peut s'en bricoler un soi-même donc ça n'est pas un problème. Je trouve en plus que ce système permet de connaître le vrai prix de la canne.


Son aspect général est flatteur avec une touche pourpre sur chacun des sept brins de la canne, le liège est d'une qualité moyenne mais pour moi ce n'est pas fondamental; je préfère une canne qui soit bien conçue et montée qu'une canne où le moindre détail esthétique soit primordial. 
Sa longueur théorique est de 3 mètres 15 et cela correspond exactement à sa taille réelle. Repliée elle mesure 57 centimètres. C'est donc une canne clairement destinée aux ruisseaux et aux espaces réduits. 
Son poids indicatif est de 57 grammes, la mienne affiche, avec son bouchon de scion en place, 56,9 grammes sur la balance. 
Le bouchon de scion est en caoutchouc souple, il est d'un diamètre qui nécessite d'appuyer bien dessus pour le faire rentrer dans la canne repliée mais c'est l'assurance qu'il ne s'en aille pas tout seul; le bouchon de talon est en métal. Il est molleté ce qui facilite sa manipulation, il comporte un insert en caoutchouc et dispose d'un trou de vidange. 


Comme toutes les cannes NISSIN, le montage de la canne est tout simplement parfait; vous pouvez la tourner dans tous les sens sans trouver un seul défaut. 


En action de pêche cette canne se révèle très rapide. Je l'ai souvent utilisé depuis le début de la saison dans des conditions de pêche médiocres avec surtout comme c'est habituel dans ma région beaucoup de vent et je dois dire que cette canne est assez rapide et puissante pour faire face. 
Je ne l'ai essayé qu'avec des lignes parallèles de différentes tailles mais je pense, après deux mois d'utilisation, que le taille la plus adaptée est la 3. Cela vous permet d'éliminer les faux lancers, d'avoir un impact quasiment nul sur l'eau et d'être précis dans les lancers. 

Cette magnifique canne est vendue à prix raisonnable comparé à ses nombreuses qualités et je peux vous dire qu'une fois qu'on a pris quelques truites avec dans un ruisseau bien encombré il est assez difficile de s'en séparer.