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mardi 22 septembre 2015

Une saison s'achève...

Dimanche s'achevait la saison de la pêche de la truite dans les rivières de première catégorie et j'ai suivi le rituel de cette dernière journée de pêche de la truite. Il a plus régulièrement ces dernières semaines et la rivière où j'allai pêcher porte déjà ses parures automnales: l'eau est haute, froide et commence à charrier les premières feuilles mortes. Mais la saison est faite, ce n'est pas le jour de la fermeture qu'on rattrape une saison de mauvais cru,  ce n'est que l'occasion de dire au revoir à une rivière qu'on aime bien pêcher et si on prend quelques truites ce n'est qu'encore mieux. 


Je partais donc en début d'après-midi équipé du strict minimum, ce dont un pêcheur au tenkara ne devrait jamais s'éloigner: une canne, une ligne, une kebari. L'excellent Charles Mingus a un jour dit: "Faire de quelque chose de simple une chose compliquée est un lieu commun mais faire de quelque chose de compliqué une chose simple, génialement simple, c'est ça la créativité."
La matinée avait été couverte mais ce début d'après-midi était flamboyant, il faisait même chaud. Je marchais au bord de la rivière sans pêcher puis j'arrivais à l'endroit où j'allais essayer de prendre les dernières truites fario de l'année. Chemin faisant je ne rencontrerai personne, nous sommes de moins en moins nombreux chaque année à pêcher cette rivière. 


La partie amont de ce spot est peu profonde, le courant enrichie l'eau d'oxygène avant qu'elle n'arrive dans un virage à angle droit où la profondeur grandit. Suivant le niveau et la température de l'eau les truites se placent dans la partie agitée ou dans la partie plus calme. Je pêcherai avec le matériel que j'avais c'est à dire ma fidèle Oni Type 2, une ligne conique de cinq mètres et une Takayama sakasa kebari. Après quelques lancers je prendrais la première truite. 


J'en perdrais juste après une qui elle se décrocha après avoir fait un maximum de remue-ménage; il y eut donc après son coup d'éclat un long moment de calme. J'en profiterais d'ailleurs pour aller dans le bois qui borde la rivière mais n'y trouvais pas le moindre champignon comestible, je n'en ramènerai que quelques plumes de corbeau et de ramier. Utiles mais immangeables! Revenu au bord de l'eau je reprends ma canne et décide de faire l'impasse sur la partie courante de ce point. Je remonte d'une quinzaine de mètres pour pêcher une zone calme où je prends deux truites. Deux beaux specimens de truites Normandes comme je les aime avec leurs flancs gris et jaunes. 


Il est à peine seize heures et je sens déjà que la chaleur commence à baisser, la lumière perd en intensité, la deuxième truite retournée à son élément je replie ma canne et range ma ligne sur sa bobine. Sur le chemin du retour la baisse de la température se poursuivra et arrivé chez moi la pluie commença au moment même où je refermai la porte.


Une saison vient de s'achever, pas "une de plus" car elles sont toutes différentes et pour moi la saison 2015 a été exceptionnelle.


mardi 8 septembre 2015

Ma rencontre avec Masami "Tenkara-no Oni" Sakakibara (3ème Partie)

Le lendemain nous pêcherons le même torrent mais plus en amont. 
J'avais déjà vu des videos et des photos de pêcheurs Japonais pêchant au pied des barrages et cette fois c'était à mon tour de m'essayer à cet exercice de style. Il y a bel et bien des iwana au pied de ces cascades encore faut il les atteindre. Après quelques essais je parvenais à faire descendre ma kebari en profondeur et j'eux la première touche. Le poisson se décrocha au moment où il émergeait de l'eau mais Masami-san me félicita car c'est très difficile de sentir la touche d'une iwana dans un courant aussi violent. 


Nous gravissions lentement les berges du torrent, explorant un à un tous les postes susceptibles d'abriter ces poissons très discrets que sont les iwana.


L'iwana étant un poisson très peu mobile c'est à vous de faire passer votre kebari dans son champ de vision de façon convaincante. Masami-san n'insiste jamais sur un poste, si le poisson ne réagit pas quand il pêche vers l'amont, il remonte la rivière de quelques mètres et essaie le même poste en pêchant vers l'aval. Son approche des postes est des plus discrètes et c'est payant car il excelle dans la capture des poissons à très faible distance.


Une approche discrète, des lancers précis et un bon contrôle de la dérive sont les clés du succès. J'eus en plus le plaisir de prendre encore une yamato iwana avant que nous arrivions au point culminant de notre aventure. N'étant pas équipé nous ne pouvions pas monter la cascade qui se trouvait devant nous alors nous sommes redescendus dans la vallée.


Nous y trouvâmes une rivière dont l'eau s'était bien éclaircie, le niveau paraissait encore un peu élevé à Masami-san mais cela devait lui sembler correct car il m'invita à pêcher. 


Cette fois j'étais le seul à pêcher et ce fût pour moi un immense plaisir et un privilège de pratiquer sur cette rivière sous l'oeil avisé de mon ami et maître. 


Je pris quelques amago de toute beauté et en pleine forme. J'étais satisfait de ce résultat et force était de constater que le débit élevé de la rivière suite au typhon leur avait bien profité, ils étaient en pleine forme. 


La météo qui avait été maussade et capricieuse tourna au grand beau temps comme nous quittions les montagnes. Toutes les bonnes choses ont une fin et je devais retourner à Tokyo pour prendre l'avion qui me ramènerait à Paris. Je remerciai chaleureusement Masami-san et Coco pour leur accueil et d'avoir partagé avec moi leurs immenses connaissances et expériences du tenkara. A bientôt mes amis!


Mon séjour au Japon a été un grand moment du point de vue de la pêche évidemment mais aussi et surtout une formidable expérience humaine car j'y ai rencontré des personnes simples, accueillantes et généreuses. Et je n'ai aucun doute sur le fait que ce séjour où j'ai eu la chance de rencontrer certains des meilleurs connaisseurs de cette technique de pêche va avoir une grande influence sur ma propre expérience du tenkara.










dimanche 6 septembre 2015

Ma rencontre avec Masami "Tenkara-no Oni" Sakakibara (2ème Partie)

Le typhon était passé et avait fait pas mal de dégâts dans la région comme nous le constations en regardant les journaux télévisés du matin. Mais cela voulait dire également que nous allions maintenant avoir des conditions météorologiques plus clémentes et nous rassemblions nos affaires avant de quitter la domicile de Masami-san pour remonter vers le nord pour pêcher une rivière que Masami-san affectionne.
Quand nous arrivâmes dans la vallée tant convoitée ce fût un spectacle de désolation que nous avions sous les yeux, le niveau de la rivière était très élevé et l'eau était boueuse. Nous n'avions donc pas d'autres solution que de remonter plus vers le nord et les hautes montagnes pour avoir une chance de trouver des eaux claires. 

                                  
Nous trouverons notre bonheur assez rapidement car Masami-san connaît cette région comme sa poche. Les premières prises ne se firent pas attendre; ce torrent est peuplé de superbes iwana et malgré une météo des plus capricieuses je mettais à profit tout ce que j'avais appris à Tadami, sur l' Itoshiro et bien sûr les précieux conseils de Masami-san qui est un guide de première classe pour me donner l'occasion d'enchaîner les réussites. 


Grâce à ses conseils avisés et le cours de lancer de la veille j'ai vraiment amélioré ma technique. La réussite repose uniquement sur la technique. Je n'irai pas jusqu'à dire que je "maîtrise" le sujet car le tenkara est un apprentissage perpétuel mais je pense avoir fait honneur à ceux qui ont partagé un peu de leur savoir faire avec moi. 


Masami-san pêcha aussi évidemment, c'était pour moi l'occasion de faire des pauses et d'apprendre en l'observant. Nous connaissons tous son tenkara de grandes rivières mais son genryu tenkara est aussi très efficace. 


Ce premier après-midi de pêche fût évidemment pour moi un moment mémorable, pêcher en montagne avec Masami Sakakibara comme guide était un rêve qu'il y a peu de temps encore je croyais irréalisable. Je ne vis pas le temps passer, totalement absorbé par la pêche qui fût vraiment très bonne. La lumière commençait déjà à baisser quand nous repartions vers notre logis aux confins de ces montagnes majestueuses. Si le Japon est le pays du soleil levant il est aussi celui du soleil couchant, la nuit tombe tôt et sans coup férir même en plein été.


La soirée fût l'occasion de rencontrer des amis de Masami-san qui se joindraient à nous le lendemain pour pêcher. Ce fût également l'occasion de goûter le meilleur okonomiyaki que j'ai jamais mangé. L'ambiance était vraiment conviviale comme nous étions sûrs de l'avoir en étant entre membres de la Team Oni. 







samedi 5 septembre 2015

Ma rencontre avec Masami "Tenkara-no Oni" Sakakibara (1ère partie)

J'avais initialement le projet de profiter de mon séjour à Takayama pour aller pêcher sur la Miyagawa mais ce fût malheureusement un projet avorté à cause des forts orages nocturnes qui avaient rendu la rivière grise opaque et totalement impêchable. Donc j'ai profité de ces trois jours pour visiter la ville et encore une fois j'avais la chance d'être l'hôte d'une famille Japonaise qui a la chance de vivre dans le centre historique de la ville, à seulement quelques pas de la Promenade d' Higashiyama


























Si vous visitez un jour le Japon je vous conseille vivement de visiter cette ville qui vous donnera un très bon aperçu non seulement de la richesse culturelle du Japon mais aussi de la vie provinciale qui est bien différente de ce que vous vivrez à Tokyo ou même Kyoto. Tout est ici bien plus calme et serein que dans les grandes villes. Ne soyez pas étonnés si au détour d'un quartier résidentiel vous voyez un homme portant samue et sugegasa travaillant dans la rizière qui jouxte sa maison. 




























Je consacrai ainsi mes journées à visiter la vieille ville faisant quand même quelques détours pour aller regarder la rivière qui restait toujours d'une teinte opaque et je passais les soirées avec la famille Shimizu. Même si je n'ai pas eu l'occasion de pêcher dans cette rivière où est née la fameuse Takayama sakasa kebari ce séjour dans cette magnifique ville restera un souvenir impérissable de mon voyage au Japon. 

























Après un peu plus de trois heures de train j'arrivais à Kakegawa où je fus accueilli par Masami Sakakibara et son épouse Coco. Après presque trois ans de contact uniquement sur internet j'étais enfin en présence de la personne par qui j'ai découvert le tenkara. Son blog est sans aucun doute depuis ce jour ma plus grande source d'inspiration et je n'aurais même pas vaguement envisager d'aller au Japon sans le rencontrer. 


Nous irons dîner dans un restaurant dont la cuisine était délicieuse et le patron un peu excentrique qui semblait ne pas en revenir d'avoir un visiteur Français! Masami-san et Coco sont vraiment des personnes formidables qui savent vous mettre à l'aise immédiatement et ce premier contact fût très positif. Comme ce fût souvent le cas pendant mon séjour une forte pluie orageuse s'abattit sur nous alors que nous flânions dans la ville ce qui nous donna l'occasion de rentrer à la maison et entre autres visionner des DVD consacrés au tenkara, je remercie Masami-san d'avoir partagé avec moi ces documentaires et répondu à toutes mes questions. 
































Le lendemain je ferai connaissance avec le trio de chats de la maison pendant que Masami-san s'intéressait de très près aux prévisions météo qui n'étaient pas vraiment bonnes, c'était le cas de le dire, puisqu'un typhon était annoncé pour passer sur la région où il avait prévu de m'emmener pêcher ce jour là. Nous devrons d'ailleurs repousser cette sortie de pêche. 

Quand la pluie cessa enfin, nous en profiterons pour visiter la ville et son superbe chateau. Nous visiterons également la boutique d'un antiquaire puis celle d'un fabricant d'armures de samurais. Pour moi qui m'intéresse depuis longtemps à l'histoire, la civilisation et la culture Japonaise cet après-midi fût vraiment excellent. 

























Le ciel resta couvert toute la journée mais quand Masami-san me proposa une séance de lancer j'acceptais volontiers et le fin crachin qui tombait fût vite oublié. Qui mieux que celui qui a conçu certaines des meilleures cannes au monde peut vous transmettre les meilleures informations sur chacune de ses cannes?  


J'eus le droit à un exposé sur les cannes et les lignes et les meilleures combinaisons possibles puis nous passions à la pratique et je dois dire que si le lancer de Masami-san est déjà impressionnant en video ce n'est rien comparé à le voir faire en live. 


Masami-san est un très bon professeur qui repère immédiatement les petits défauts de vos lancers et sait vous expliquer de façon claire comment corriger ces défauts. Après m'avoir fait essayé bon nombre de combinaisons cannes/lignes et satisfait des lancers obtenus Masami-san et moi-même rentrions. J'eu le plaisir et le privilège de le voir monter ses kebari devant moi et s'ensuivit une discussion des plus intéressante sur le sujet. Est-ce un hasard si les plus grands pêcheurs au tenkara , ceux qui comme Masami-san ont développé leur propre technique, ont évolué au fil du temps vers la plus grande simplicité?  Sûrement pas. 


Dehors nous entendions une vent très fort et la pluie battante, le typhon était en train de passer au dessus de la ville. 


















mercredi 2 septembre 2015

Tenkara sur la Shō-gawa avec Ajari et ses amis

Après une nuit de sommeil réparateur et un excellent petit déjeuner pris chez Sasaki-san je rejoignai mes compagnons à leur campement où tout le monde s'affairait en vue de la journée que tous allaient consacrer à la pêche. D'ailleurs au moment où je me joignais au groupe la conversation n'avait pas d'autre sujet, ce fût avec plaisir que je fis découvrir le contenu de ma boîte à mes compagnons et je dois dire qu'ils étaient un peu surpris de voir que le contenu était très Japonais alors qu'ils s'attendaient plutôt à des montages plus contemporains. 


Il faisait déjà chaud et il n'était qu'à peine 9 heures quand notre groupe se sépara, je saluai ceux qui allaient nous quitter et les remerciai de l'accueil qu'il m'avait fait la veille puis nous partions pour 
aller pêcher la Shō-gawa, rivière qui prend sa source au Mont Eboshi et qui traverse les préfectures de Gifu et de Toyama.


Arrivés au bord de l'eau nous laisserons Tadani-san pêcher le premier et grâce à son excellente technique il prit rapidement une première iwana puis une seconde. Nous commençâmes alors à pêcher et les captures s'enchaînèrent à un bon rythme. On peut traduire le nom "Iwana" par "poisson de roche" et ce n'est pas un hasard si on les pêche au ras des cailloux, dans les endroits les plus calmes des rivières, en faisant dériver sa kebari aussi lentement que possible. 


J'avançais de quelques mètres et observais Ajari et Kura-san pêcher et constatais que leur technique qui est couronnée de succès était vraiment très bien rodée: lancer précis et délicat, pas un centimètre de ligne en contact avec la surface, dérive parfaitement contrôlée. 


Ce premier spot où Ajari, Kura-san et moi-même prendrons une douzaine d'iwana avec des kebari n'ayant rien en commun mais utilisées de la même manière, la bonne!, restera longtemps présent à mon esprit. 












Nous pêcherons ainsi toute la matinée à seulement quelques mètres les uns des autres, exploitant toutes les zones calmes en pêchant vers l'amont et ensuite l'aval et cela fût payant. Cette rivière a une belle densité de poissons de belle taille. 


Après un peu plus de deux heures de pêche nous arrivions à l'embouchure d'un ruisseau d'une vingtaine de centimètres de large. Il y avait des pêcheurs à la mouche quelques dizaines de mètres en aval et nous commencions à avoir faim et la température avait fortement augmenté aussi mes compagnons décidèrent d'arrêter de pêcher. Ils remontèrent la berge puis s'installèrent sur le pont derrière moi et j'entendis alors Ajari me dire qu'il voyait une belle iwana lovée contre un caillou à l'embouchure du ruisseau. Je reculais de quelques pas pour me placer sous le pont et profiter de son ombre pour localiser avec précision le dit poisson et quand ce fût fait je déposais délicatement ma zenmai-dou à son amont. L'iwana la prit au premier passage. C'était une superbe yamato iwana. 


Ce superbe poisson relâché, je repliais ma canne le visage marqué du sourire des bons jours et nous partions déjeuner. Le repas fini nous reprendrons la route vers l'Ishigawa, une autre rivière de la région plus basse en altitude où vivent uniquement des yamame. Arrivés sur place nous passerons d'abord un moment sympathique à observer les poissons d'un pont mais nous ne traînons pas car la température très élevée cet après-midi là nous laissa penser que la pêche allait être difficile.

Effectivement elle le fût. C'est encore une fois Tadani-san qui captura le premier poisson. Le yamame est un poisson beaucoup plus craintif que l'iwana et il est très sensible aux vibrations émises dans l'eau. On est donc gagnant quand c'est possible à pêcher du bord. 


Chacun d'entre nous captura un yamame ce qui nous fît évidemment plaisir mais la chaleur de cet après-midi eût raison de notre motivation. Les poissons étaient très peu actifs et nous décidions de quitter la rivière après deux heures passées sur ses rives.


Nous remontions tranquillement la rivière et une fois revenus à notre point de départ l'heure était venue de dire au revoir à Kura-san et Tadani-san que j'étais sincèrement heureux d'avoir renontré après des mois de contact seulement sur Facebook. Ajari et moi allions prendre la direction de Takayama. J'ai vraiment passé un excellent moment avec eux et le groupe de l'Itoshiro. 


Salut les amis! Je reviendrai!