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jeudi 30 juin 2016

Tenkara pendant une éclaircie

Le mois de Juin touche à sa fin et n'en finit pas d'enchaîner les journées grises, la pluie et les orages; il faut ne pas laisser une seule occasion d'aller à la pêche car il est bien difficile de faire des prévisions météo tant ces conditions sont instables. Quelques heures de soleil peuvent être suivies d'une journée complète de pluie ou d'un orage. Les rivières portent les stigmates de ces pluies récurrentes, elles sont restées teintées comme elles l'étaient en Avril.


Mais dès qu'une éclaircie dure un peu les truites montrent un peu d'activité. Finalement ces pluies fréquentes qui maintiennent l'eau à une température basse leur profite, en tout cas leur permet d'être plus tranquille que d'habitude car nombre de pêcheurs ont depuis longtemps remis les cannes au repos. Pour ma part j'ai choisi de pêcher mais uniquement sur de brèves sessions de trente minutes à une heure, cela m'évite le risque d'être surpris par la pluie ou l'orage avant d'avoir pris au moins une truite. 


Je pêche avec ma Yamato kebari et je dois dire que c'est un plaisir de voir les truites sortir de leurs caches pour venir la chercher. Je n'échangerai pour rien au monde une seule de ces kebari contre des nymphes lestées qui me priveraient de voir ces petits éclairs jaune et gris monter vers la surface. 


Pêchant une rivière que je ne visite que rarement je pense avoir choisi la bonne portion car la densité de truites est intéressante et les truites en question répondent à mes sollicitations malgré une eau assez sombre et qu'il y ait bien peu d'insectes à émerger ou s'échouer.
 


Je ne vais bien sûr pas me plaindre! Pêcher même avec des conditions météorologiques difficiles, les températures sont très en dessous des moyennes saisonnières et je peux à tout moment être surpris par une averse, est mille fois plus intéressant et valable que de penser à la pêche sans y être. 


Avec une canne de quatre mètres cinquante dans cette rivière de huit à neuf mètres de large j'obtiens facilement des dérives "naturelles", mon bas de ligne court et fin fait nager ma kebari d'une façon qui doit être très convaincante car celle-ci fait bouger les truites très rapidement. 



Après avoir pêché en remontant cette ligne droite j'arrive à un virage où la rivière est très peu profonde, l'eau y est un peu plus claire. Satisfait de cette sortie je me dis que l'heure du dernier lancer est arrivé, il y a une petite zone calme à droite du virage derrière un gros caillou. Ce serait surprenant qu'une truite n'occupe pas ce poste. J'y lance ma Yamato kebari qui a à peine le temps de commencer à dériver qu'une truite la prend. C'est une grosse truite! Je suis surpris mais je fais un ferrage instinctivement très ample, la rivière est si peu profonde que la truite n'a nulle part où aller. Je la laisse se débattre sur les graviers. 


Ce n'est pas une truite fario autochtone, sa robe trahit son origine mais je remarque que ses nageoires sont en excellent état donc c'est sans aucun doute une truite qui a survécu à son introduction dans la rivière et y a grandi. Je la soulève délicatement et la relâche exactement à l'endroit où je viens de la prendre. Je passerai quelques minutes à l'observer dans son trou où elle reprenait son souffle calmement. Je repliai ma canne et remis ma ligne sur ma bobine, il était temps de rebrousser chemin. En attendant la prochaine éclaircie.

samedi 18 juin 2016

Tenkara Fest 2016

A l'issue de la première édition du Tenkara Fest nous étions décidés, Eric Robert et moi-même, à organiser cet événement annuellement et cette année nous avions choisi la Lozère pour nous y retrouver. Comme nombre de pêcheurs nous sommes membres de divers réseaux sociaux et forums mais nous partageons le point de vue que rien ne vaudra jamais de rencontrer dans la réalité d'autres passionnés, ou des néophytes, et de partager quelques bons moments ensemble. 


Après environ huit cents cinquante kilomètres j'arrivai en Lozère sur les berges de l'Alignon où je devais rencontrer un jeune homme qui m'avait contacté via ce blog pour me demander de l'initier au tenkara, pêche qu'il avait envie de découvrir car comme il me le dît lui-même elle correspondait exactement à l'image qu'il se faisait de la pêche à la mouche.


Ce fût pour moi un plaisir de conseiller ce pêcheur qui montra rapidement de belles capacités et prit d'ailleurs assez vite sa première truite au tenkara.  



Je rejoignais ensuite les autres participants dans un gîte idéalement situé dans un endroit d'où nous avions un panorama vraiment grandiose. Mes camarades revenaient d'une belle partie de pêche fructueuse sur un parcours situé dans le village voisin et nous étions donc tous d'excellente humeur et bien contents de nous retrouver après un an.


Nous passerons une excellente soirée dans un esprit de partage et d'échange. Après cette première journée bien remplie nous étions fatigués et ne résistions pas bien longtemps à l'envie de se jeter dans les bras de Morphée. Pour ma part après neuf heures de conduite et deux heures de pêche j'étais littéralement lessivé. Le lendemain matin réveillés aux aurores par le chant du coucou voisin nous prenions un rapide petit déjeuner avant de descendre vers les berges du Tarn.


Sur ce tronçon les berges sont très encaissées, la rivière étroite mais ce fût pour moi un excellent moment de la découvrir en binôme avec mon ami Edouard pendant que Guilhem, Eric et Jean-Marc parcourait une zone en aval. Notre parcours est bien peuplé de truites fario sauvages et très discrètes et ce fût un plaisir d'en faire monter quelques unes sur nos imitations, voir ces truites foncer toute nageoire dehors sur ce qu'elles croient être un insecte qui s'échoue sur l'onde est très amusant. Lorsque deux heures plus tard nous redescendrons vers notre point de départ nous nous rendrons compte de n'avoir parcouru qu'environ trois cent mètres malgré de belles séances d'escalade. Ce fût d'ailleurs l'occasion d'observer sous le pont d'où nous étions partis une très belle truite postée à la sortie d'un courant en attendant que le courant lui serve de quoi se nourrir. 


Revenus à notre point de départ nous retrouvions nos amis qui avaient eux aussi passé un bon moment de pêche sur une portion plus en aval et nous décidions d'aller déjeuner avant de nous rendre dans les gorges du Tarn.


Le début de l'après-midi fût difficile à cause du vent qui s'engouffrait dans les gorges, il était difficile de garder le contrôle de nos lignes, ce qui est indispensable à la réussite au tenkara mais nous avions la chance de pratiquer dans des décors splendides et n'avions pas de doute sur notre capacité à contrer les difficultés. Edouard fût le premier d'entre nous à tromper une truite.


Le vent descendit vers seize heures nous offrant deux heures pendant lesquelles nous prendrons bon nombre de truites. 







Nous pêcherons ainsi avec succès à mesure que nous prenions de l'altitude. Les dernières cascades nous offrirent un spectacle grandiose et nous arrivions ensuite sur le plateau où le Tarn coule entre prés et forêts.


Arrivés sur le plateau nous pêcherons encore un peu et c'est avec surprise que je constatai à quel point les truites du plateau différaient par leur robe de celles des gorges.




Comblés par cet après-midi de pêche nous décidions de replier les cannes et nous fûmes rejoints par Eric et Jean-Marc qui avait pêché plus haut en aval sur le plateau. 


Après cette excellente journée de pêche nous rentrions au gîte où nous passerons une soirée mémorable.
Le lendemain nous allions à quelques kilomètres pêcher sur le Lot mais la matinée fût très fraîche et surtout venteuse, rendant la pêche très difficile bien que nous ayons eu l'opportunité d'observer de nombreuses truites sur le parcours où nous étions. 







Le ciel s'éclaircit en fin de matinée et c'est à l'ombre d'un platane que nous déjeunions avant d'être rejoints par plusieurs personnes avec qui nous nous rendions quelques kilomètres en aval sur un très beau parcours no-kill. Nous y ferons une belle visite ponctuée de belles captures. J'aurai l'occasion dans quelques semaines de revenir sur cette partie du Tenkara Fest.



Après trois jours passés ensemble nous nous séparions, tous contents d'avoir partagé notre passion pour le tenkara et nous nous disions: "A l'année prochaine!"


dimanche 5 juin 2016

Quelques moments de tenkara

Le mois de Juin a commencé comme Mai avait fini c'est à dire fraîchement, le thermomètre reste en berne aux environs d'une petite quinzaine de degrés mais j'avais sacrément envie d'aller me rendre compte de l'état d'une de mes rivières locales favorites et peut-être d'y pêcher histoire de bien commencer le weekend.  La région a heureusement échappé aux pluies diluviennes de la semaine.
L'eau reste très froide et teintée mais je m'en rendis compte après quelques minutes d'observation, cela ne semble pas tant gêné l'activité des insectes; mouches de Mai et sedges en tête, qui émergent régulièrement. Les truites sont discrètes, bien plus qu'elles ne le sont d'habitude à cette époque de l'année, mais j'équipai ma Nissin Zerosum Oni et commençai à pêcher les postes les plus susceptibles d'abriter des truites susceptibles de mordre à ma Yamato kebari.


Pour pêcher ces postes très peu profonds, une trentaine de centimètres, j'utilise le courant et la tenue de ma canne pour faire plonger ma kebari. Portée par le courant celle-ci prend facilement une dérive naturelle, une animation peut décider une truite récalcitrante. 


Comme lors de ma précédente sortie je ne pouvais compter faire le coup du soir car passé dix neuf heures la température baisse très vite, on est bien loin des coups du soir qui s'éternisent jusqu'à ce que l'obscurité soit presque complète. Mais des lancers précis, des dérives contrôlées et un peu de concentration donnent des résultats satisfaisants. 


Les truites s'adaptent aux nouveaux postes créés par les chablis que le vent a déposé en travers du courant. Les dérives naturelles vers l'aval se révèlent être la technique la plus efficace. 




La pêche en noyée vers l'aval avec une seule mouche est une technique simple donc efficace. J'en avais déjà fait l'expérience à l'époque où je pêchais encore à la mouche mais avec une canne tenkara le contrôle des dérives est plus efficace.  



Les truites étaient en nombre dans ce poste créé par cet arbre immergé.


Je finirai cette sortie en aval des piliers d'un antique gué à boeufs disparu depuis longtemps où quelques jolies fario furent elles aussi capturées grâce à la même technique de pêche aval. 


Quel plaisir de pêcher toute en finesse et en technique. Une canne, une ligne, une mouche; ce n'est pas seulement une simplicité de principe mais un gage d'efficacité. 




La dernière truite de cette brève sortie relâchée je rebroussai chemin l'esprit léger et satisfait d'avoir été au bon endroit au bon moment.